Une fois n’est pas coutume, ptit dèj dans le jardin au soleil en tailleur. Après quelques chocopops et une banane un peu verte, je me lance à l’assaut de ma prochaine destination : la visite de la distillerie de whisky Clynelish. A 11h. Autant dire que ça me booste. Passage obligé en Ecosse comme le pastis à Marseille ou le champagne à Reims. Mourir sur la route sans avoir goûté au whisky serait aussi stupide que de se faire écraser ivre… J’arrive, je visite, je vois les enormous serpentins qui conduisent la part des anges. La guide a un tel accent écossais couplé à un débit – pas de boisson – enormous que j’y comprends quasi rien et la fiche directement traduite par Google translator n’aide que peu. En résumé : la grande majorité de leur production part en mélange – blended – dans les Johny Walker (qui en contient environ 60%), le reste – en single malt – mature pendant 14 ans en moyenne dans des futs américains enchêne qui ont contenu du bourbon et des futs espagnols qui ont contenu de l’alcool de cerise. (Cf wiki pour le reste). Je teste 4 whisky – non non, je ne recrache pas – accompagnés de fins chocolats pour souligner les arômes : truffe, chocolat ganache passion, chocolat ganache caramel un peu salé. Pas d’achat en boutique car bagage cabine empêche : merci Ryan Air de préserver mon porte-monnaie. Grisé, je repars sur les routes. Le ciel changeant devient plus gris et mon humeur aussi car les effets anesthésiants de l’alcool, de l’ibuprofene et du doliprane s’estompent pour laisser place à mes douleurs implacables aux genoux. Arffff… Chaque tour de pédale est terrible. La passion selon St Cédric, loin derrière celle de Ste Therese de Pixtory néanmoins. La route est belle, l’immensité de l’océan se déploie tout au long et de tout son long, les falaises donnent du cachet aux prés parfaitement tondus par des moutons toujours affamés. Pleins de petits agneaux bêlent en suraigu à mon passage. On pourrait faire des green de golf partout ici sans débourser un centime de coupe. Et toujours ces haies d’ajoncs jaunes à la senteur noix de coco. Parfois une maison aux fenêtres étroites et grises ramènent à l’austérité de ce pays qui est froid 99% de l’année. Sur la gauche, le château de Dunrobin, édifice imposant, demeure depuis le 12ieme a minima des ducs de Sutherland. Obligé que je m’arrête ! La construction est assez tarabiscotée étant donné l’empilement architectural des siècles. Un vieux monsieur digne en kilt me donne mon billet. L’escalier recouvert de damiers écossais et de trophées de chasses donne le ton. Les pièces habillées de bois et de gros fauteuils donnent envie de se pelotonner devant la cheminée. Luxe, calme et volupté caractérisent ce château. Beaucoup de mobilier, de pièces, de costumes, peu de monde. Un raffinement so…scottish. La vue plongeante sur le jardin avec la mer en prolongement est un aesthetic choc ! Je descends me promener dans ces espaces à la française mais avec un brin de flou propre aux jardins anglais : géométrie, labyrinthes, herbes épanouie, tulipes en grappes et oiseaux aux chants exquis se mêlent pour un ravissement d’essences. Je rate la démonstration de faucons : pas grave y a le Puy du fou chez nous, et je reprends ma monture. Je donne 5 étoiles à Dunrobin. Plus que 20 km. Je fais une pause goûter dans la petite ville charmante de Dornoch. Cerisiers en fleur, jardins luxuriants, façades victoriennes, ruisseau au milieu… et excellent carrot cake sucré juste ce qu’il faut ! Je devise avec un vieux monsieur du coin qui m’apprend que son fils habite à Vitwy sour Saïne et qu’il est dans un club de vélo. Il me tient la porte et me dit : « it was a pleasure to meet you ». Ah ces écossais, si bien éduqués ! Dur de transposer ça dans un bar marseillais. Méditant sur le contraste du monde, je termine les derniers km vent de face, ouch. Arrivée à Tain – pas l’ermitage en France -. Gregor de mon dernier airbnb m’attendait tout sourire. C’est un gars d’Afrique du Sud qui se demande chaque jour s’il ne va pas y repartir car ici on caille caille. Son fils est déjà à Cape Town avec comme objectif de devenir cycliste pro. Il me montre des photos de lui en action sur sa bécane. Des fois, j’ai l’impression que les hôtes airbnb profitent de leurs guests pour faire des séances de psy gratos. Je dîne dans une ancienne gare transformée en resto, plat correct bien que farce indéterminée et encore dernier dans le resto vu qu’ils mangent tous à l’heure des poulettes. Puis, de mon lit moelleux, je ferme l’oeil sur les cerisiers du jardin qui déversent leur pluie de pétales…