J7 Ecosse – Kinlochbervie > Durness

J’ai attendu que le ciel s’assombrisse mais la nuit est restée claire, j’ai attendu de voir les étoiles mais elle ne sont venues, j’ai attendu le sommeil mais le vent faisait claquer les sangles maintenant ma frêle caravane…il n’est -presque- pas venu. Au matin, j’ai fait la vaisselle dans l’herbe glacée et mis mes vêtements frissonnants. Le soleil, lui, est venu ! Miracle ! Premier jour où la lumière fut. Projecteur dessinant les contours et les contrastes, l’Ecosse est apparu plus belle : jour/nuit. Eau grise/eau turquoise. Noir terne/noir luisant. J’ai emprunté un chemin de vtt assez technique avec des passages pour moutons partout, j’ai dû jouer à saute-mouton. La baie de Sand Wood était là, sous mes yeux remplis de couleurs, un endroit amazing ! Grandes étendues d’herbes vertes rasées de près ouvrant la voie à un tapis de grandes dunes parsemées de hautes tiges beiges, ravissant ton sur ton. Au delà roulaient des pierres sombres et un sable presque blanc écrin d’une mer bleu-translucide. Encadrement assuré par des montagnes abruptes, taillées par le vent. Seul, j’avais l’impression de débouler dans un lieu surréel. La remontée face au vent a sonné le temps de la réalité. Encore plein d’images, je me suis élancé vers ma prochaine destination : Durness. L’elancement s’est mué en envol, vent arrière me propulsant. Les voitures ne parvenaient plus à me dépasser. Le paysage est devenu éclatant avec le soleil, panorama qui s’étirait loin, loin. Un Loch se mélangeant à la mer était l’autre ravissement du jour : une berge en prairie, l’autre en montagne plus arides, et au milieu des langues de sables jouant au séparateur du spectre. Je suis arrivé tôt à Durness à l’auberge de jeunesse. J’y ai fait la rencontre de Julie, une jeune retraitée fringante du Yorkshire (la région, pas le chien). Toute en malice, elle se baladait seule dans son mini-van en quête de découvertes. Elle avait vécu 1 an à Tarascon con. Elle me proposa de partager un plat de pâtes au saumon fumé + poireaux + crème, délicieusement mijoté, moi jouant au commis de cuisine. Empruntant son van, nous allâmes voir le coucher de soleil sur une jolie plage non loin prenant au passage une québécoise. Il y eut un matin ensoleillé, il y eut un soir ensoleillé par Julie.

J3 Ecosse – Talladale > Gairloch – 70 km

70km avec détours et contours.

Partant ventre plein de Talladale qui porte mal son nom, j’ai faim de soleil…mais il ne vient toujours pas. Je longe le très beau Loch Maree dont les reflets gris sur gris sont d’un bel effet ton sur ton. Je m’aventure sur une route à la végétation assez luxuriante qui est censée arriver à une plage de sable rose et à un petit salon de thé croquignolet…mais foin de rose et de thé ! La plage est introuvable et la gargotte fermée… Je rebrousse chemin et me dirige vers Gairloch, charmant port de pêche qui s’étire sur quelques km. Je croise un Bouddha de plage et avale une soupe vegie dans un resto très bobo qui mélange décos montagnardes, ayurveda et scones. Je finis par un gâteau à la passion sans passion. Le temps vire encore plus, je fais une variante prolongation car l’auberge de jeunesse n’ouvre qu’à 17h. Je vais jusqu’au bout de la côte par une route étroite en tapis russe parsemée de rares maisons et moutons frissonnants. Des plages et des falaises se découpent tel Etretat sans le côté surfait d’un normand s’en gargarisant. J’ai l’impression d’être seul au bout du monde, funambule sur une langue de bruyère desséchée par trop de vent et brûlée par trop de pluie. J’arrive à la lueur de la fin : le phare. Je reviens mais cette fois vent de face, froid mordant et griffé de pluie. J’arrive à l’auberge qui se dresse face à la mer, toute proprette, rangée avec un lounge panoramique : lieu idéal pour se poser avec un bouquin d’Hemingway. Mais douche first ! Puis je savoure une bière locale au son du ressac et goûte aux conseils d’un cycliste roué aux Highlands. Petits plaisirs minuscules…Manque plus qu’un vieux whisky.

J2 : de Phoomtada à Chiang Rai, 102km

J2 à vélo en Thaïlande : de Phoomtada à Chiang Rai, 102km

Après un solide petit dèj, je fais mes adieu au grand-père et je repars sur les routes. Je parcoure une belle piste de terre rouge et -comme il a plu toute la nuit-, je me fais rapidement un body painting…rouge. Je rejoins la route principale, que les thaï appellent : « highway ». Bon heureusement, c’est quand même moins fréquenté qu’une autoroute ! Je passe le long de temples plutôt mimi, avec de zolis d’animaux, toujours bien chargés d’or.

 

A l’heure du café, vers 10h -si tant est que le café ait une heure précise le matin- , je sens une odeur de toréfaction me chatouiller les naseaux. Sans conteste, je suis en train de longer un toréfacteur de café. Je m’arrête et j’ai le droit à une visite guidée -avec les gestes car je comprends pas le thaï- . J’en ai fait une petite vidéo, que je posterai dès que possible. Je bois 2 shots de café restretto -delicieux- , je fais une photo avec une famille d’asiat qui m’ont pris en affection et j’enfourche mon vélo dopé comme jamais.

 

Des rizières et des arbres bien touffus, voilà mon quotidien…dont je ne plains pour le moins du monde.

 

Je pile devant une maison insolite faites de souches d’arbres et de branches tarabiscotées. La maîtresse des lieux un peu allumée me fait visiter. On se croirait dans un conte de fée, manque plus qu’une neige-neige et ses 7 pokemons.

 

Pour la pause dèj du jour, j’ai droit à une soupe avec une bouillon bien riche, plein de bons légumes, du piment et des boulettes de viande un peu bizarre. Tout est fait minute. Sur la table, les assaissonnements typiques sont proposés : piment, sauce soja, cacahuètes pilées… Se trouvent aussi toujours des petites serviettes, si fines qu’elles essuient quasi rien; et une boîte renfermant les baguettes et cuillères pour la soupe. A force de parler nourriture, si ça continue, je vais faire un blog sur la culture gastronomique asiatique 😉 .

 

Je croise un drôle d’immense dragon d’or perché sur une butte, non pas issu d’un conte de fée cette fois mais plutôt d’un managa.

 

Ce soir, objectif : Chiang Rai, ville assez grande du nord-est, non loin du triangle d’or (connu pour l’opium mais c’est révolu), point de départ de trek, plaine de rizières entourées de montagnes. Je suis attendu chez Tim et Agnès, des warmshowers qui vont m’héberger. Warmshowers ? J’en avais déjà parlé lors de mon précédent voyage à vélo en Suisse mais je vais expliquer à nouveau pour ceux qui ne suivent pas mes aventures…po bien ! Warmshowers, c’est un réseau de passionnés de vélo -surtout de cyclotourisme-, qui s’hébergent gratuitement ou se rendent service mutuellement. C’est comme le couchsurfing mais avec un point d’intérêt en + et ça marche super bien. J’avais déjà eu de très belles expériences en Suisse avec 1 famille et 1 jeune allumé du vélo, et cet été j’ai hébergé -chez moman- 1 couple d’australiens digital nomads -qui bossent en parcourant le monde-, 1 américains qui atteignait ses 5000km en Europe, et 2 écossais -attention, pas anglais !- qui ont adoré les calanques, les toits-terrasses de la friche à Marseille…. Aparté fini. Donc, Tim et Agnès, un couple de retraités américains doivent m’héberger. J’ai réussi à acheter une petite plante sous une pluie battante pour leur apporter en offrande.

 

Après une longue ligne droite, me voilà arrivé chez eux, dans une maison très coquettes donnant sur les rizières. J’ai le droit à une grande chambre, serviettes pliées, salle de bain privée et wifi gratuit -le facétieux Tim avait posé un papier « free wifi » sur la table de chevet sous forme de boutade-.

 

J’ai l’impression d’être chez papi mamie -même s’ils sont plus jeunes que mes parents-, ils sont très attentionné et passionnés sans le côté américains parfois pénible : Amazing ! Oh my god ! etc…

 

En fait, cela fait 30 ans qu’ils vivent en dehors des US, étant prof internationaux. Et une fois à la retraite, au lieu de se poser sagement, ils ont décidé de changer de pays tous les ans ! Tout ça me fait rêver… Et si je devenais prof itinérant ? 😉 . On parle écologie, un peu de vélo mais pas trop, beaucoup de nourriture bien sûr. Ils sont vegan, je mange de très bons plats qu’Agnès et Tim ont cuisiné, et que nous finalisons ensemble. J’en ai fait une vidéo aussi, à découvrir prochainement. J’ai même le droit à une baguette sortie du congel pour l’occaze. Au son du gecko qui hante un coin de ma chambre -mais impossible de savoir lequel-, je m’endors sur un lit pas trop dur pour une fois.

 

Pour voir la vidéo du parcours en image satellite, cliquez ici :