J1 : de Chiang Mai à Phoomtada homestay, 105km

Sur les conseils d’un ami thaï, je me rends la veille dans un bar de Chiang Mai qui s’appelle « black door ». Histoire de boire quelques coups avant le grand saut du lendemain et d’anesthésier un peu mon excitation. Le concept de ce bar, c’est qu’après minuit, le « bar owner » – qui s’appelle « boy » –  ferme la porte. La fête peut ainsi continuer jusqu’au petit matin sans problème avec les autorités. J’étais parti pour rentrer bien tôt car je devais me lever très tôt…mais la chair étant faible, ou plutôt le gosier… j’ai commencé par un mojito bien tassé puis par un shot assez immonde mêlant Jaegermeister et épices, puis un petit groupe m’a entraîné dans un autre bar.

 

La pluie est devenue intense, j’ai néanmoins décidé de partir en courant en longue (toujours !) et suis arrivé telle une serpillière à mon hostel. L’alcool a fait son effet, j’ai dormi jusqu’à 6h où -presque frais- j’ai équipé mon vélo tremblant d’émotion.

 

Ca y est, on y est ! Zou, j’ai commencé à pédaler, en tongues bien évidemment. Il ne faisait guère frais mais une petite pluie me rafraichissait. La sortie de Chiang Mai a été assez pénible à coup de 4 voies, de bouchons, etc… Pas un seul vélo à l’horizon. Il a bien fallu 20km pour commencer à être dans des espaces moins urbanisés, moins pollués par les moteurs mal réglés, moins klaxonnés. Puis les premières montées, les montagnes…ça se gagne…à coup de cardio. Allez allez, je n’avais pas pris de petit dèj, je suais en continu : la chaleur humide c’est tes pores à robinets ouverts ! Après 40km, je décide de faire une pause, il fait faim et les mollets chauffent ! Je fais une drôle expérience avec des toast à la marmelade. Ils arrivent fourrés avec un truc salé type croque monsieur et avec des zigouigouis oranges fluos par dessus qui ont un goût indéterminé. Bon, ça remplit, on va pas faire son français hein !

 

C’est reparti pour des belles côtes à 10%. Il commence à pleuvoir des cordes. Même pas la peine de se protéger, tu seras mouillé, alors autant apprécier cette douche purificatrice.

 

Sur un simili plateau, perdu sur le bord de la route, un petit vendeur sous un grand parapluie tient un stand qui propose des kakis et des fruits de la passion. Je m’arrête, il m’en offre plusieurs. Ils ont le goût du paradis : tant pis pour le poids, j’en achète un sac.

 

La route continue à se tortiller et j’essaie de ne pas tomber, elle est assez large, c’est pas très agréable quand on est sur une 4 voies. Heureusement qu’il a quasiment toujours une piste pour les motos donc par transitivité les vélos. IMPORTANT : ne pas oublier la conduite à gauche ! La pluie devient si intense qu’à l’heure du déj, je suis frigorifié malgré les 30 degrés. Je m’arrête à côté de sources chaudes. Des vieilles mamas thaï proposent des oeufs durs qu’elle cuisent dans des paniers direct dans les sources, c’est assez cocasse.

 

Après un pad thaï, je repars rapide car la journée n’est pas finie. Je me tape ensuite des routes droites avec des villages tout le long, sans grand intérêt. Ayant un peu ras les chocobons de ces larges routes, je demande à mon ami maps.me (équivalent de google map), de me calculer une route alternative. Je me retrouve sur une piste très bucolique avec des ornières bien boueuses (pour mémoire, il pleut toujours des trombes).

 

J’arrive enfin dans la guest house qu’un ami cycliste anglais (thanks Steven !) m’avait indiqué.

 

Je suis seul. Une grande ferme, des bungalow en bois et nippa autour, jolie vue sur la vallée, nuages qui commencent à se déliter.

 

Charming ! Je nettoie mon vélo tout crotté et fais ma lessive de la journée. Le séchage est un casse-tête dans un pays si humide (d’autant + en saison des pluies). J’étudies avec attention le flux d’air généré par le ventilateur et je dispose mon linge de façon idoine partout dans la chambre : une belle installation. Il n’y a rien à manger sur place, mais une ouvrière agricole me propose de faire des courses pour moi au village, que je compte transformer en nodule à la sauce tomate dans la cuisine collective. Je lui montre sur mon tel des images de fruits et légumes. Elle me rapporte : oignon, ail, nodule, piment, tomates…le seul hic c’est que les tomates ont la taille de tomates cerises. Va falloir ruser : un peu d’eau, bien écrasées, bien caramélisées…Ca me semble pas mal. La nana n’est pas convaincue, elle me dit : « I don’t understand your cook », mon égo de cuisinier en prend un coup. Le grand-père fermier me fait visiter la ferme. Je m’attendais à un truc bien Thaïlande profonde, je me retrouve -scotché- devant un alignement de serres où glougloute des salades hors sol dans des tubes.

 

Pour le côté bio local, c’est foutu. Il y a aussi des barriques pleines de poissons d’élevage avec des pompes et des distributeurs de bouffe automatiques. Pas mal d’animaux et d’autres végétaux bien rangés, bien proprets. Le grand-père me prend par la main et me dépose un oisillon vibrant au creux de la paume. Il le nourrit avec des cure-dents et des petits morceaux de viandes. Ses yeux pétillent, l’oiseau se régale, instant délicieux.

 

Il est temps de rejoindre mon lit king size option matelas en bois.

 

Je rentre à tâton sans lumière pour éviter d’affoler les moustiques et je ferme avec gratitude la porte sur cette première journée…

 

Pour voir la vidéo du parcours avec images satellites, c’est ici :