J8-J9 : « into the wild »

J8-J9 : Trek dans la jungle laotienne

Départ à 8h du mat’ de l’agence « into the wild » : quel symbole ! étant fan de ce film. On achète au marché de quoi nous substanter pour 2 jours.
En route dans la vieille voiture…et c’est le coup de la panne.  Fi du triangle de signalisation attention, on sort le coupe-coupe, on tranche quelques branches de palmier le long de la route et on les dispose devant l’antiquité pour marquer la dangerosité. Un tuk-tuk nous dépanne.

La rando commence. En plus de mon guide perso, on est accompagnés par une petite jeune guide locale d’un village de minorité. Pauvre mais maquillée et un smartphone à la main, elle connaît tout de la jungle. Elle est en tongues, comme moi ! On voit des insectes, des parasites nichés dans la sève des arbustes, des gros vers dans le coeur des palmiers, des plantes médicinales. On déj ensemble dans une clairière sur des feuilles de palmier, avec les doigts transpirants dans les mêmes plats. Sticky rice en guide de cuillère. Soudain, elle se lève, et disparaît en courant dans la jungle. Mon guide m’indique qu’elle rentre au village, qu’elle était avec nous juste pour le début.

La jungle est épaisse, il y a du relief, c’est beau ! On croise, on entend : Serpent, araignées, chenilles à moumoute blanche, cigales énormes sur les arbres, criquets qui font un bruit de tronçonneuse ou de sirène selon leur inspiration. C’est la fête des sangsues ! Elles se régalent et s’accrochent à moi comme…de sangsues justement (ndlr : référence circulaire = bug). Sur tout le parcours, j’en récolterai au moins 30. Mon guide très cool me donne le remède miracle : il suffit de les déloger assez vite à coup de pichenettes. Ca marche pas mal, je perds peu de sang ahah. Si elles sont plus coriaces, il préconise de les asperger de lotion anti-moustique. Tous les autres trucs : les crames sauvagement avec un briquet, les saupoudrer de sel, etc…, c’est des balivernes !

Les paysages sont incroyables : on serpente sur des chemins étroits, le long de ruisseaux. Indiana Jones, c’est du carton pâte à côté. La touffeur prend à la gorge et nous couvre de sueur. Mon gentil guide s’acharne au coupe coupe pour défricher le chemin parfois encombré par des voutes de lianes. Des immenses arbres forment une canopée imposante., des troncs à moitié pourris -ou pas- barrent parfois la route. J’apprends les bienfaits d’écorces d’arbres en décoctions et on voit un tiger baum tree, ça sent bon.

On joue au petit chaperon rouge avec notre panier et on ramasse de quoi compléter le dîner : fleur de bananier, coeur de palmier, larges feuilles-dont-je-ne-sais-plus-le-nom. Camp en vue ! Niché au bord d’un cours d’eau, dans une clairière. Il s’agit d’une construction en bois ajourée avec un toit, basique. On entasse des pierres sur la rivière pour faire un barrage et créer une baignoire naturelle. Tous nus et tous bronzés, on se jette dans l’eau. Rafraîchissant ? A peine car l’eau reste tiède.
Atelier cuisine ensuite : je coupe je coupe je recoupe tout en petits bouts accroupi devant une planche en bois. Mon guide, tel un druide, officie sur le feu de bois avec un wok et compose des mixtures magiques avec légumes et bouillon, sauce tomate sucrée-salée, sticky rice, etc…. Y a en pour 10…mais difficile de rameuter d’autres personnes. On dispose les feuilles de bananier pour la table et on se régale dans des grands bambous coupés en 2 !
On joue à dooble, on boit quelques verres de whisky maison et on se laisse aller à la nuit étoilée au son des habitants des lieux. On dort sur feuilles de bananier et sous moustiquaire. Autant dire que c’est raide.

Le matin : on repère des racines pour faire une infusion de cardamome. Yummy ! On fait un ptit dèj copieux, y a au moins 12 oeufs. J’ai jamais mangé autant ! Doggy bag avec feuilles de bananier (re) pour pas gaspiller.
La balade continue toujours aussi incroyable, contemplation de la beauté. Des cascades apparaissent, on fait un remake d’une pub pour gel douche. On croise un fruit insolite : ceci n’est pas une bogue de chataigne mais de noisette !

Arrivée vers un village perché sur les hauteurs avec une très belle vue sur les montagnes environnantes. C’est pauvre, on fait une pause dèj et on se rafraichit au point d’eau unique. Sur les abords du villages se succèdent des petites maisons avec toit de chaume sur pilotis. Mon guide m’explique que la coutume veut que les jeunes garçons (15-16 ans) construisent une petite maison et y dorment seul le soir. C’est un premier pas vers la vie d’adulte. Par la suite, il auront la possibilité d’y amener chastement leur amoureuse. Leur surnom : « les boum boum house » , ça rappelle un sketch des inconnus 😉 . La piste serpente le long de plantations de caoutchouc qui portent les stigmates de saignées.

La dernière partie est au delà du réel avec des arbres millénaires aux troncs noueux et multiples qui s’élancent avec impulsivité vers le ciel. On joue à Tarzan avec les lianes, on se balance au dessus des rivières. On se sent tout petits, tout humbles devant ces géants qui sont là depuis si longtemps, posés, sages.

On émerge de la jungle avec pas mal de piqûres qui grattent et on retrouve le tuk tuk. Retour à Luang Namtha. Sur le chemin, on croise la jeune guide du premier jour, on partage quelques verres de bière cul sec en trinquant. L’expérience into the wild s’achève, mais à la différence du film…j’en sors vivant, et encore plus qu’avant !

J5 : Huay Xay > Donchay

J5 A VELO AU LAOS : Huay Xay > Donchay

Départ matinal comme d’hab’, sac waterploof sanglé sur la tige selle, gourdes remplies, iphone dans son étui gps, tongues aux pieds. Let’s go !

 

La première partie est assez monotone avec une route droite et longue dans une zone périurbaine. Les camions dégagent de la poussière rouge car ici la terre est très…rouge, et des nuages de gazoil. Je me mets en apnée la plupart du temps ou respire par petites lampées. Ca commence à monter un peu puis franchement. Un premier mur annonce les montagnes dégoulinantes de végétation.

 

Une montée comme j’ai jamais eu, si raide, si intense…j’en vois pas la fin, je sue malgré la pluie qui revient par saccades. C’est pas humain d’avoir imaginé un tracé pareil ! Pas de lacet, pas de replats pour se poser. Les camions ont tellement de mal que je les double presque, pour dire que les moteurs souffrent autant que les mollets. J’arrive enfin en haut, sans pousser mon vélo hein, on est persévérant ou on l’est pas ! Des années de Pixtory m’ont tanné le cuir. La montée mortelle annonce une descente géniale ! Ca fuuuuuse. Les paysages se découpent en de multiples perspectives, ça devient vraiment esthétique.

 

Une deuxième montée m’achève quasiment, mais je tiens bon. Puis ce sont des montagnes russes d’amplitudes plus modestes mais jamais de repos. J’engloutis 1 ou 2 fruits de la passion, 1 ou 2 dragibus pour me donner un coup de fouet. Je bois mais pas assez, je suis un vrai chameau, des fois ça me nuit. Flasback sur les dragibus : J’étais à l’aéroport de Roissy au relais H, et là une vision, je me voyais tirant la langue sur les routes d’Asie en manque de sucre….Je me suis rué sur le stand bonbons et j’ai acheté des dragibus. Pas très sportif et diététique comme attitude mais j’avais l’intuition que ça serait une bonne aide réconfortante et plutôt efficace. Depuis le début de mon parcours, je consomme de manière mesurée mes dragibus comme pilules magiques pour mes pauses rapide avec sucre rapide. Couplé aux fruits de la passion, on a un effet guronzan (bon là je fais un peu mon marseillais). Retour sur la route Huay Xay > Douchay. La circulation est faible, le cheminement sur ces reliefs est un plaisir couplé à de la souffrance. Le nord du Laos ouvre ses portes.

 

Pour mon dèj, exceptionnellement, j’ai un sandwiche : baguette, salade, tomate, oignons (non ce n’est pas un kebab d’à côté du Poly), oeuf, bacon et une sauce vaguement sucrée. La végétation est tellement dense que je n’arrive pas à trouver un replat. Je m’arrête sur le côté de la route et je mange, debout, mon casse-croute. L’arrivée à Donchay, -où je dois dormir chez l’habitant- est magnifique avec une vallée de rizières qui s’étend sous mes roues.

 

Dernière descente filante et me voici dans le patelin. Je tente de repérer la maison avec le gps (y a qu’une guest house dans tout le coin). Je m’arrête devant une échoppe et j’essaie de faire ma demande en hébergement à une nana pas visiblement convaincue. Une vieille laotienne est en train de tricoter un vêtement traditionnel, elle me regarde à peine, visage fermé. Sympa l’accueil ! Au bout d’un moment, je crois comprendre que je dois attendre ici et que le maître de maison reviendra…un jour. J’attends, j’attends, j’attendrai, le jour et la nuiiiit, j’attendraiiii (sur l’air de D….A). Après quasi 3h, après avoir observé la rue et les camions passer, les myriades de motos, les enfants sortant de l’école et se houspillant, les enfants jouant à bicyclette, la vendeuse du magasin courant de son échoppe à la station essence en face pour servir les clients, la vieille qui ne me regarde toujours pas… Après avoir fait essayer mon vtt aux enfants, leur fait tester les dragibus (ça colle aux dents !), après avoir vu passer chiens-buffles-cochons… the master of the guest house arrive avec son utilitaire pour remplir le stock du magasin.

 

Il me sourit et me montre le bungalow en bois à côté du magasin. Les nanas n’auraient pas pu m’ouvrir la porte 3h avant ??? Breffff, mon énervement dure 1 seconde, ici au Laos on prend son temps et la recherche opérationnelle n’est pas vraiment de mise. Le lit est toujours aussi dur et celui est assez informe mais j’aime bien les motifs de nounours et les petits coeurs des draps. Une affiche de paradis bleu turquoise est fichée dans le mur, et la porte donne sur une terrasse agréable, rivière s’écoulant juste en dessous. La cabane au fond du jardin offre ses charmes avec toilettes à la turque et sceau pour se laver.

 

Le dîner est annoncé, je déguste avec la famille des bons plats laotiens : tout le monde mange dans les mêmes plats en utilisant le riz gluant comme pain et fourchette à la fois. Explication : chacun à une boule de riz gluant posé devant soi. On prend un bout de riz qui fait une boule, on s’avance vers le plat, on choppe un bout de quelque chose (porc, poulet, poisson, légume, autre indéterminé), on enfourne le riz et la chose en même temps. La communication est difficile car ils ne parlent pas anglais mais on a quelques échanges avec sourires. Ils se lèvent et vont vaquer à leurs occupations : les enfants devant des dessins animés assez psychédéliques, les vieilles devant les dessins animés aussi, les parents se préparant à dormir. Je m’éclipse.

 

Pour voir la vidéo du parcours, cliquez ici :