J5 : Huay Xay > Donchay

J5 A VELO AU LAOS : Huay Xay > Donchay

Départ matinal comme d’hab’, sac waterploof sanglé sur la tige selle, gourdes remplies, iphone dans son étui gps, tongues aux pieds. Let’s go !

 

La première partie est assez monotone avec une route droite et longue dans une zone périurbaine. Les camions dégagent de la poussière rouge car ici la terre est très…rouge, et des nuages de gazoil. Je me mets en apnée la plupart du temps ou respire par petites lampées. Ca commence à monter un peu puis franchement. Un premier mur annonce les montagnes dégoulinantes de végétation.

 

Une montée comme j’ai jamais eu, si raide, si intense…j’en vois pas la fin, je sue malgré la pluie qui revient par saccades. C’est pas humain d’avoir imaginé un tracé pareil ! Pas de lacet, pas de replats pour se poser. Les camions ont tellement de mal que je les double presque, pour dire que les moteurs souffrent autant que les mollets. J’arrive enfin en haut, sans pousser mon vélo hein, on est persévérant ou on l’est pas ! Des années de Pixtory m’ont tanné le cuir. La montée mortelle annonce une descente géniale ! Ca fuuuuuse. Les paysages se découpent en de multiples perspectives, ça devient vraiment esthétique.

 

Une deuxième montée m’achève quasiment, mais je tiens bon. Puis ce sont des montagnes russes d’amplitudes plus modestes mais jamais de repos. J’engloutis 1 ou 2 fruits de la passion, 1 ou 2 dragibus pour me donner un coup de fouet. Je bois mais pas assez, je suis un vrai chameau, des fois ça me nuit. Flasback sur les dragibus : J’étais à l’aéroport de Roissy au relais H, et là une vision, je me voyais tirant la langue sur les routes d’Asie en manque de sucre….Je me suis rué sur le stand bonbons et j’ai acheté des dragibus. Pas très sportif et diététique comme attitude mais j’avais l’intuition que ça serait une bonne aide réconfortante et plutôt efficace. Depuis le début de mon parcours, je consomme de manière mesurée mes dragibus comme pilules magiques pour mes pauses rapide avec sucre rapide. Couplé aux fruits de la passion, on a un effet guronzan (bon là je fais un peu mon marseillais). Retour sur la route Huay Xay > Douchay. La circulation est faible, le cheminement sur ces reliefs est un plaisir couplé à de la souffrance. Le nord du Laos ouvre ses portes.

 

Pour mon dèj, exceptionnellement, j’ai un sandwiche : baguette, salade, tomate, oignons (non ce n’est pas un kebab d’à côté du Poly), oeuf, bacon et une sauce vaguement sucrée. La végétation est tellement dense que je n’arrive pas à trouver un replat. Je m’arrête sur le côté de la route et je mange, debout, mon casse-croute. L’arrivée à Donchay, -où je dois dormir chez l’habitant- est magnifique avec une vallée de rizières qui s’étend sous mes roues.

 

Dernière descente filante et me voici dans le patelin. Je tente de repérer la maison avec le gps (y a qu’une guest house dans tout le coin). Je m’arrête devant une échoppe et j’essaie de faire ma demande en hébergement à une nana pas visiblement convaincue. Une vieille laotienne est en train de tricoter un vêtement traditionnel, elle me regarde à peine, visage fermé. Sympa l’accueil ! Au bout d’un moment, je crois comprendre que je dois attendre ici et que le maître de maison reviendra…un jour. J’attends, j’attends, j’attendrai, le jour et la nuiiiit, j’attendraiiii (sur l’air de D….A). Après quasi 3h, après avoir observé la rue et les camions passer, les myriades de motos, les enfants sortant de l’école et se houspillant, les enfants jouant à bicyclette, la vendeuse du magasin courant de son échoppe à la station essence en face pour servir les clients, la vieille qui ne me regarde toujours pas… Après avoir fait essayer mon vtt aux enfants, leur fait tester les dragibus (ça colle aux dents !), après avoir vu passer chiens-buffles-cochons… the master of the guest house arrive avec son utilitaire pour remplir le stock du magasin.

 

Il me sourit et me montre le bungalow en bois à côté du magasin. Les nanas n’auraient pas pu m’ouvrir la porte 3h avant ??? Breffff, mon énervement dure 1 seconde, ici au Laos on prend son temps et la recherche opérationnelle n’est pas vraiment de mise. Le lit est toujours aussi dur et celui est assez informe mais j’aime bien les motifs de nounours et les petits coeurs des draps. Une affiche de paradis bleu turquoise est fichée dans le mur, et la porte donne sur une terrasse agréable, rivière s’écoulant juste en dessous. La cabane au fond du jardin offre ses charmes avec toilettes à la turque et sceau pour se laver.

 

Le dîner est annoncé, je déguste avec la famille des bons plats laotiens : tout le monde mange dans les mêmes plats en utilisant le riz gluant comme pain et fourchette à la fois. Explication : chacun à une boule de riz gluant posé devant soi. On prend un bout de riz qui fait une boule, on s’avance vers le plat, on choppe un bout de quelque chose (porc, poulet, poisson, légume, autre indéterminé), on enfourne le riz et la chose en même temps. La communication est difficile car ils ne parlent pas anglais mais on a quelques échanges avec sourires. Ils se lèvent et vont vaquer à leurs occupations : les enfants devant des dessins animés assez psychédéliques, les vieilles devant les dessins animés aussi, les parents se préparant à dormir. Je m’éclipse.

 

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