Visite matinale de la charmante ville d’Aarau avec petit dèj à la clé : un bon muesli avec yaourt…grec. Rues ombragées débordant de plantes, petits canaux, façades baroques avec avancées de toits ornées de motifs…un régal des yeux. Je reprends ma fidèle monture et je longe l’Aare. Jolis chemins de terre en lisière de forêts et baignades intermitentes. Je visite Brugg et je m’arrête plus longuement à Baden, connue -comme son nom l’indique- par ses sources d’eau chaudes -aujourd’hui fermées- . Je monte à petits pas moultes escaliers jusqu’aux ruines de l’ancien château puis me délecte d’une vue panoramique. Coeur de village très beau avec du relief. Je bois un ice tea maison étrange dans un salon de thé très mimi, et un bout de gâteau au citron (moins bon que mon célèbre moelleux !). Je continue mon périple le long du Aare puis du Limmat jusqu’à Zurich. J’arrive chez David, un ami suisse qui a caché sa clé de façon très astucieuse sur le plafond de la boîte aux lettres… On reprend le vélo ensemble pour un tour de Zurich (encore des km !) et une ultime baignade. Tout Zurich surchauffé semble barboter et allumer des bbq -il y a même des bbq publics, grandes planchas- . Les colonnes de fumée s’élèvent avec un mélange de musiques pendant que le soleil se change en lune…
J3 Suisse – Nidau > Aarau – 95 km
Mon chemin (N5 : mitteland) passe pile poil devant la maison de mes gentils hôtes. Je pouvais pas mieux tomber. Je flâne le long du Aare (rivière), alternance de maisons soignées, de jardins couverts de fleurs, de gazons parfaits, de potagers familiaux. Je traverse parfois un pont et longe des bouts forêts. Beaucoup de bateaux amarrés. Le temps semble s’être arrêté ici. Je visite un premier village -Büren – charmant avec château, maisons avec drapeaux, pont en bois couvert typique. Je pousse jusqu’à Solothurn, la ville joyau du coin, baroque et allemande. Je pratique mon deutsch de plus en plus ! Je bois un verre de blanc sur la place du marché et me balade dans les rues montantes aux anciennes façades intactes. Je repars à l’assaut des chemins au bord de l’eau puis de forêts. Petite baignade imposée car ça cuit ! Je mange un autre tiers du même pique-nique entamé hier (économique !) et Aarau se profile à l’horizon. Ce soir c’est aussi accueil chez un autre warmshower : Andreas, grand blond souriant qui vient aussi de se taper 100km à vélo (Alors que moi je suis mort, il semble sortir d’une simple course à pieds de 20 min). Coloc de 4 jeunes super cool. Lieu fabuleux entre salle de musique, salle de jeu de société, salle de consoles vintage, bar avec tous les alcools !, etc… Andreas a fait plein de pays à vélo, a déjà parcouru 390 km et 3000 m de dénivelé en 1 journée… Un fou ! Il part la semaine avec sa copine sillonner 3 mois l’Amérique du sud. On va boire un coup/ manger un dans un bar-guinguette au bord de la rivière. Puis dernier drink dans le petit jardin des colocs, vin espagnol…comme cette auberge.
J2 Suisse – Yverdon les bains > Nidau – 100 km
Temps toujours sublime. Je remets mes tongues pour pédaler, j’ai tenu 1 jour en chaussures ! Je musarde tranquillou dans Yverdon pour voir les jolies rue puis je longe le lac de Neuchâtel. Après des bonnes lignes droites et des jolis chemins en sous-bois, je découvre des petits ports ravisssants et je monte visiter un village un peu perché et dans son jus médiéval. Façade vintage et colorés, vieilles anciennes, volets en bois, explosion de fleurs et château avec vue imprenable sur le lac. Je continue ma route et m’arrête au bord de l’eau pour un pique-nique made in Suisse : délicieux gruyère (pas de l’emmental hein !), pain de campagne, saucisse sèche aux noisette…et bien sûr une note sucrée : tarte à la crème, bref que du light ! Je me baigne, c’est bleu, c’est clair, , température idéale, panorama sur montagne. Je repars regaillardi et enchaîne forêt, terrains agricoles. Autre village à croquer : le Landeron. Une fête médiévale se prépare. Le sens du détail des suisses est fou, assez Hansel et Gretel. Je me trompe de bord en longeant le lac de Bienne et la distance s’accroît sensiblement. Assez fourbu, j’arrive à Nidau chez des adeptes du réseau warmshower (c’est un couch surfing pour les fous de vélo). Après un petit bain dans le Aare – qui est devant la maison !- , on dîne à 19h (c’est tard il paraît). La famille est adorable, hyper ecolo (eau de pluie récupèrée, panneau solaires, compost, potager, pas de voiture ni de tv…le bonheur !), les enfants super joyeux, ils ont des 10aines de vélo dont tandem, vélo couché, monocycle, etc… Engagés au niveau social, ils hébergent une réfugiée érythréenne. Après une fondue au chocolat (on croirait qu’ils me connaissent !) et des longues discussions avec les enfants (20 et 23 ans), il est temps de faire dodo…
J1 Suisse – Saint Julien en Genevois > Yverdon les bains – 110 km
Départ à…11h30 (vive le touriste !) 110km avec vent de face, ouch pour commencer.
Je pars frétillant comme un gardon de Saint Julien après avoir laissé ma fidèle 106 de surfeur. La Suisse c’est propre, les voiture s’arrêtent avant même que tu manifestes l’idée de traverser, personne ne bouge au feu rouge… INCROYABLE ^^ . Je parcoure Genève puis je longe le lac Leman. Il fait un temps sublime. J’adore Nyon, beau jardin et château, carte postale Suisse avec vue sur les montagnes et Mont Blanc pile en face. Comme je suis parti (trop) tard et que je dois enquiller vite, je n’ai pas le temps de déjeuner. Je m’arrête néanmoins boire un verre de vin face au lac Leman. Hips ! Je monte ensuite à flanc, belles étendues de vignes. C’est vallonné et mignon tout plein avec points de vue sur lac, montagnes. Suivent des champs et des champs…beurk la monoculture et ça puire avec les épandages de fumier. Je commence un peu à tourner de l’oeil car j’ai pas dèj. Heureusement qu’ Esther Cygelman m’a refourgué de force des barres de céréales avant de partir (merci !! Sans toi je serai mort). Mais c’est pas suffisant alors je ramasse des pommes tombées des arbres. Mes jambes me font mal, la fin est un peu rude, j’arrive au coucher de soleil à Yverdon les bains au charmant centre historique. Je rejoins l’auberge du passant, super cool pour les backpackers et juste au bord de la rivière. Direct, un jeune routard me propose de partager un plat de pâtes, top accueil ! On m’a parlé d’une bonne boulangerie à Yverdon, je vais la tester…
J7 Grèce – Monemvasia > Elafonisos
Dernière journée.
Après une visite de l’huilerie du village restaurée version musée par des fonds européens (mais qui ne verra probablement jamais de public…), me voilà reparti. C’est plus cool, pas mal de descente. Jolis points de vue sur cette pointe du Peloponese. La végétation est assez luxuriante, toujours plein d’oliviers partout et des concerts de cigales à donf. Je prends des chemins de vtt roulants en bord de mer. Arrivé au bout du bout, je chope in extremis le ferry-boat pour aller sur l’île d’elafonisos connue pour ses plages et ses tortues. Certes l’eau est turquoise, comme dans les caraïbes, le sable clair mais à part ça…c’est secos et peuplés de touristes venus uniquement pour rôtir. J’en repars quelques heures après car impossible de se loger, tout est complet à part une chambre dans un hôtel de luxe avec 4 lits dont 1 king of the king size. L’employée de ce resort s’extasie : « I love this bathroom ! ». Je reprends le ferry et je galère pour atteindre Neapoli : je traverse à l’aveugle pas mal de champs cultivé (oliviers, courgettes) et des landes où les chemins ne donnent pas suite. Neapoli est une station balnéaire comme une autre, je trouve une chambre pas chère, confortable avec déco improbable, dans un hôtel à l’ancienne. Toutes les couleurs, les formes et les styles semblent s’être donné rdv. Le réceptionniste sans âge installé devant un tableau plein de boutons clignotants fait un peu flipper. Le nom : Hôtel Virgina, ça s’invente pas. Le lendemain, après un coup de plage, je dois prendre le bus pour rentrer à Athènes…sueurs froides car ils rechignent à prendre mon vélo. Après négo et une petite rallonge, je dois le démonter et c’est ok. Fin de l’Odyssée, début de la traversée en bus.
J6 Grèce – Plaka > Monemvasia – 100 km
Journée longue sportive, 100km.
Baignade matinale sur la plage, un délice. En route pour une grosse journée ! Ca commence par un +750m de dénivelé, ouchhh. Paysage à couper le souffle, panorama en haut mérité. Ensuite succession de plateaux à l’esprit montagne. Je croise des troupeaux de chèvres, la végétation change : des résineux apparaissent, terre rouge par endroits. Des petits cols jalonnent la route, ce n’est pas de tout repos. Sur une piste déserte, 3 voitures de touristes me demandent leur chemin dont un américain visiblement paniqué : je dois avoir une tête de Pekin Express 😉 . Un long plateau encadré par des parois hautes sur des kilomètres, on se croirait sur la route 66. Je cuis littéralement. Après une descente je croise enfin un village, je me pose pour boire un café glacé. Je discute avec une française, on se donne des tuyaux sur les meilleures pâtisseries de Paris et elle me propose cash de venir dîner et dormir le soir chez elle ! J’accepte mais le chemin n’est pas encore fini : reste 32km… J’arrive à Monemvasia, ravissante citadelle accrochée aux parois d’un îlot. Ca ressemble à un mix du Castellet, Carcassone, Dubrovnic. Si bien rénové que c’en est un poil fake : bars ambiance qui surplombent la mer, fleurs partout, rues pavées, … Je reprends la route pour aller chez Mathilde et sa famille. Arrivé en bas de la montagne, je n’ai plus de jus pour me taper 350m de dénivelé : elle vient me chercher avec mon vélo. La maison est dans un village perché, bucolique, mignon tout plein. La vue de leurs terrasses est wahou !!! Sa mère me fait visiter son beau jardin dont elle est fière, son père me dit qu’il a tout construit de ses mains. Un vrai Bonheur de rencontrer des gens si généreux. Je me couche tard dans la chambre des enfants, je me lève tôt avec le soleil qui illumine la baie de Monemvasia…
J5 Grèce – Nauplie > Plaka 90km
Journée longue sportive, 90km.
Après un buffet ptit dèj gargantuesque (pour servir de dèj en même temps), ahhhh horreur ! Ma roue arrière est crevée et bien sûr la pompe est foireuse, galère copieuse… Je commence ensuite à la bourre ma journée, pas du tout fraîche comme d’hab. Je fais toute la côte de Nafplio à Leonidio. La nature m’apporte son soutien par des figues glanées en bord de route et une baignade vivifiante dans une source de montagne. Les points de vue sont incroyables tout au long du parcours et je fais une pause plage rapido, y a de la musique electro, c assez branchouille. Niveau mollet c’est hard car la route est bien versatile. Bien claqué, j’arrive à Léonidio où flotte un air de nonchalance très fort. Quelques vieux assis aux terrasses de bars, écrasés par la fournaise, sirotent leur « frappé ». Ils me regardent d’un air peu avenant. Je vais à 4km de là au petit port de pêche « Plaka » en espérant que le seul hôtel ait une chambre… Je serre les fesses : oui ! Je m’installe, hôtel Dyonisos. Pour un prix modique j’ai un accès direct de ma chambre à une plage calme, le bonheur. Je dîne sur le port, succulents poulpes grillés. Assise à côté de moi, une grecque d’âge mur me parle en français, émane d’elle une dignité, une certaine lassitude, « saudade » on dirait en portugais. Ce n’est peut-être pas étranger à la bourrin-attitude de son mari, glonflé de testoronopoulos. Je suis tombé le jour de la fête du village, c’est blindé et un orchestre assez kitsch braille des chansons populaires, avec des airs de film par moment, je kiffe !! Bien mangé, bien bu, je titube à l’hôtel où j’arrive tant bien que mal à faire ma lessive du jour (hé oui, en mode VUL, on a rien en fringues alors faut laver le soir et faire sécher la nuit)… Je m’écroule…
J4 Grèce – Monastère inconnu > Nauplie
Journée plus cool, 50km avec déambulations.
Après une nuit agitée (pleine lune, entités du monastère, cris d’animaux, moustiques en folie ?), je descends dans des gorges pour rejoindre la mer au loin. Luxuriante végétation (débauche de lauriers roses, d’olivier dodus, de pins touffus), et perspectives enchanteresses. Entre le monastère et ces gorges, l’émotion me prend, tant de beauté c’est insoutenable ! Des larmes de joie me viennent… C’est ça le sublime. Merci matrice Terre de nous offrir tout cela : sentiment de gratitude extrême mêlée à la révolte de voir cette harmonie généreuse détruite sans conscience par l’Homme… J’arrive en bord de mer et je longe la côte, aucun touriste. Café « frappé » dans un petit port, grecs étonnés de me voir. De plage en plage je pique des petites têtes. La vie la vraie ! Je déjeune dans une petite station balnéaire, table sur l’eau quasi, baignades en même temps. Serveur maladroit : ma casquette est imbibé d’huile d’olive et d’ail, yummy !!! Fait étrange : un gars passe son temps à ratisser la mer pour enlever les galets trop gros… Assez hypnotique et pose question de l’utilité / métaphore de beaucoup de nos actes… J’arrive à Nafplio, ville touristique (choc contraste avec ma journée seul au monde) mais belle, jolies rues, belles citadelles qui surplombent. 2h pour trouver une endroit où dormir : tout est complet ! Last chance « hôtel Victoria » je trouve ! Soirée très chaude, osso bucco excellent avec musique traditionnelle. Il est temps de dodo…
J3 Grèce – Kostas > Monastère inconnu
70km environ et un max de dénivelé. Pas loin de 12h de route ! 7h du mat sur le ferry allant de Spetsès à Kostas (une pointe du Péloponnèse), puis départ bon pied, oeil endormi. Visite de grottes effondrées à Didima et vers la Costa Bianca d’un immeuble abandonné au milieu de nul part…impression d’étrangeté… Puis par une chaleur étouffante 40 degrés (ça sera tous les jours !), les montées s’enchaînent, duuuur. Alors qu’une plage était indiquée sur la carte, rien, nada ! Cul de sac au milieu de nul part, juste quelques fermes aquacoles. Belle rencontre avec des ouvrières qui reprisent les filets et me donnent eau + café glacé. Je continue en misant sur une vallée perdue en espérant pouvoir au bout escalader la colline en portant mon vélo… Impossible, trop escarpé ! You play, you loose ! Demi-tour, passage par des plages désertes où je me jette en habit d’Adam pour rafraîchir mon corps en ébullition. Je décide de passer par un chemin de montagne pour rejoindre l’autre vallée. Calvaire : à bout force je pousse le vélo car l’ascension n’en finit pas… Rencontre avec un berger qui m’indique un point d’eau avec des gestes et un beau sourire. Douche au milieu de la montagne, gavage d’eau : Rebirth !!! Je vise un monastère. J’y arrive mais je n’ai plus la force de redescendre dans la vallée. Il est abandonné, accroché à la montagne, je décide d’y dormir. J’ai touché du doigt le sublime, ce lieu est empreint d’un mysticisme qui prend aux tripes. Je n’ai plus de provisions mais je croise des pèlerins grecs et allemands qui me donnent : pain, biscuits, oranges, eau. Le bonheur ! Je trouve même un peu de vin dans le refuge pour un apéro au coucher du soleil. Méditation à la pleine lune… Cette journée fut une épreuve physique au bout de soi et une expérience spirituelle marquante.
J2 Grèce – Spetsès
Premier tour de pédale en visitant la merveilleuse île de Spetsès avec mon nouvel ami Canondale (vtt) !. De criques en criques aux eaux cristallines, un coup de baignade quand on est en surchauffe, des montées quand il faut. Et bien sûr à l’arrivée pour se détendre « ena ouzo » et bonnes pates aux crevettes. Bourg et port très agréables.